Accueil Banque & Finance Pourquoi les institutions financières ont-elles adopté le Bitcoin ?

Pourquoi les institutions financières ont-elles adopté le Bitcoin ?

par Sami Belghaieb

Un changement radical est en marche, et il cache bien des mystères. BlackRock, autrefois critique féroce du Bitcoin, qualifiant cette monnaie de « l’indice du blanchiment d’argent », est désormais l’un de ses plus grands supporters avec le lancement des ETF Spot.

Mais ce n’est que la surface de l’iceberg. Selon son PDG, Larry Fink, ce n’est que le début.

À première vue, on pourrait penser que la finance institutionnelle a enfin compris les avantages du Bitcoin, facilitant une inclusion financière à grande échelle. Tout semble parfait dans ce nouveau monde numérique.

Mais attention, ne vous laissez pas tromper par les apparences : le projet d’ETF crypto n’est peut-être pas aussi bénéfique qu’il y paraît. Vous allez comprendre pourquoi.

La source de toutes les inquiétudes.

Bitcoin Magazine a récemment publié un article intitulé « Les plans de BlackRock pour posséder le monde fractionné ». Mark Goodwin et Whitney Webb, les auteurs, ont fait un travail remarquable et détaillé pour comprendre les réelles intentions derrière les projets des grandes institutions visant à garder le contrôle sur le marché des cryptomonnaies.

En suivant la logique des auteurs, on comprend comment des produits financiers comme les ETF Bitcoin peuvent potentiellement corrompre la cryptomonnaie.

Il ne faut pas se leurrer, sans l’influence de BlackRock, ces instruments financiers n’auraient probablement jamais vu le jour.

Les externalités négatives des ETF cryptos, calculées ?

En intégrant les Bitcoins dans un ETF, beaucoup pensent que cela peut les réduire à un simple actif spéculatif ou une réserve de valeur, comme de l’or numérique, et non une monnaie utile pour les transactions. Pourtant, l’objectif du réseau Bitcoin est de servir de base à un système financier alternatif, un système de cash électronique “peer-to-peer”. Les gros flux d’argent entrant dans le Bitcoin peuvent altérer sa vraie nature.

Tous les tokens accumulés par les gros investisseurs restent bloqués dans des portefeuilles “de garde” pour soutenir des Bitcoins papiers, des ETF, sans aucune utilité monétaire (comme valeur d’échange).

On en est encore au stade de la possibilité, mais c’est un risque réel. Plus la part de Bitcoin statique (bloqué dans des ETF) augmente, moins il y aura de liquidités pour alimenter des protocoles nécessaires au fonctionnement de la cryptomonnaie (comme le Lightning Network).

Actuellement, la répartition des Bitcoins est largement en faveur des investisseurs ordinaires à travers le monde. Les ETF en détiennent environ 4 %, mais ce qui compte, c’est la dynamique et non un chiffre à un instant précis.

4 %, c’est déjà beaucoup. Ces Bitcoins, qui sont sur les fonds (ETF) d’un asset manager presque étatique comme BlackRock, sont maintenant sous le contrôle des régulateurs américains, dont le département de la justice, la SEC, le Trésor et la Réserve fédérale.

Sur l’image, vous pouvez voir où en est la répartition des 21 millions de Bitcoins, sachant que les données datent de février. Nous étions seulement au tout début des ETF. Au passage, il est intéressant de noter que plus de 17 % des Bitcoins sont perdus. Faites bien attention à vos clés privées et à la manière dont vous conservez vos précieuses cryptos.

Le véritable intérêt des institutionnels.

La dynamique de cette accumulation par les institutionnels sera cruciale à surveiller dans les années à venir. Aujourd’hui, ce sont les plus grands acteurs du dollar américain qui se précipitent sur les ETF pour en proposer à leurs clients.

Cependant, ce même système du dollar perd de sa valeur si le protocole Bitcoin répond aux besoins transactionnels quotidiens de milliards de personnes dans le monde. Les plus grands acteurs du système financier comprennent bien que les ETF peuvent neutraliser le Bitcoin en tant que monnaie viable. Les méthodes et la mise en œuvre des institutionnels seraient donc claires : le Bitcoin doit rester un atout, et tous les efforts pour le faire évoluer en tant que monnaie doivent être orientés vers le dollar.

Pourquoi cela pose-t-il problème ?

Parce que les intérêts de BlackRock et des gouvernements ne sont pas forcément les mêmes que ceux des particuliers. La liberté, la vie privée, le droit de faire des transactions librement : tout cela n’est pas vraiment leur priorité. De plus, le Bitcoin est un actif décentralisé sur lequel il est impossible d’appliquer une politique monétaire, donc incontrôlable.

Larry Fink (fondateur de BlackRock) en 2012 : « Les marchés aiment les gouvernements totalitaires, les démocraties sont très désordonnées. »

Un autre problème majeur : la manipulation du marché.

L’article de Bitcoin Magazine explique aussi comment BlackRock pourrait facilement manipuler les ETF.

Pour commencer, il y a une clause qui stipule que l’ETF peut être liquidé à tout moment. Par exemple, en cas de contrainte réglementaire, l’ETF peut être supprimé, et les investisseurs remboursés en dollars. Imaginez la liquidation massive que cela provoquerait sur l’ensemble du marché. Sans refaire toute l’histoire de BlackRock, sachez quand même qu’ils sont plutôt proches du gouvernement américain. La crise de 2008 et même l’épisode Covid le démontrent bien.

Autre point de manipulation possible : le prix. BlackRock a choisi la méga-banque JP Morgan comme l’une des contreparties pour son ETF Bitcoin. Mais cette banque n’est pas exempte de scandales financiers. Elle a été condamnée à payer 920 millions de dollars d’amende pour manipulation des cours de l’or en 2020. C’est véritablement un danger. Le pire, c’est que cela se faisait en utilisant de l’or papier et donc des ETF, comme les ETF Bitcoin…

Pour Jamie Dimon, son PDG : « Bitcoin est une fraude et il n’y a aucun espoir pour le Bitcoin en tant que monnaie. »

Que faut-il retenir de tout ça ?

Notre sujet, c’est la volonté de BlackRock et des institutionnels américains de garder le contrôle sur les cryptomonnaies pour préserver la force du dollar.

Car oui, le Bitcoin est un véritable ovni dans le monde financier, avec la prétention de devenir la base d’un nouveau système financier plus libre et inclusif, mais surtout incontrôlable.

En 2024, le Bitcoin est encapsulé dans des ETFs, transformé en simple actif spéculatif dormant sur des portefeuilles de garde. Pour lancer ces fameux ETFs, des acteurs comme BlackRock travaillent main dans la main avec de grandes banques comme JP Morgan et Goldman Sachs, plusieurs fois condamnées pour manipulation.

Pour finir, ces banques lancent des blockchains privés, rien de comparable au Bitcoin public, pour garder le contrôle. La “tokenisation” de tous les actifs confondus – littéralement du monde – est un autre sujet lié qu’il sera important de détailler dans un futur article.

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