Garantir la fin de la hausse des prix reviendrait à crier victoire avant l’heure … mais tout semble déjà présager une bonne entame désinflationniste.
C’est d’un long combat quadriennal que ressortent Jerome Powell et son équipe dans la lutte contre l’inflation depuis le Covid-19. La perturbation de la chaîne d’approvisionnement et des échanges commerciaux entraînant une hausse importante de coûts des matières premières et des produits manufacturés. Les mesures de confinement limitant les productions industrielles et réduisant l’offre de nombreux biens et services. Le cataclysme économique creusé par la pandémie du Covid avant d’être excavé par la guerre en Ukraine semble pourtant s’estomper au profit d’une entame déflationniste, sinon maturée, au moins bien avancée selon les derniers rapports de la FED.
Alors que les analystes financiers semblent accorder une attention scrupuleuse aux décisions de Powell, dans quelle mesure les taux directeurs annoncés par la FED permettent-ils de prendre le pouls d’une économie guérissante ?
Pour rappel, le taux directeur de la FED correspond au taux d’intérêt que les banques commerciales s’appliquent entre elles pour les facilités de prêts marginales au jour le jour. Il représente le taux d’intérêt de base pour l’économie américaine et son influence s’étend à l’ensemble de l’économie mondiale. C’est ainsi que vous constaterez que les agendas des conférences de presse des banques centrales s’organisent en partie selon le programme fixé par Washington.
Verum est, quelques jours après la dernière sortie de Powell, Lagarde rapplique en annonçant une hausse équivalente des taux d’intérêt de la BCE, et il en est de même du côté du Canada, de l’Inde, du Maroc … Lorsque la FED opte pour une hausse de ses taux d’intérêt, cela engendre un effet domino qui se traduit comme suit :
Sur le plan Macro :
- Les banques commerciales obtiennent moins de liquidités (ou, fixant les quantités de transferts, des prêts à intérêts plus élevés)
- Les agents économiques empruntent à des taux plus élevés
- La demande pour les crédits de consommations diminue et moins de ménages souhaitent financer leurs projets
- Moins d’entreprises s’endettent pour financer leur développement
- Cela entraînera donc une baisse des crédits dans l’économie et une baisse de la quantité de monnaie en circulation
- Sans ajustement rapide de l’offre, le niveau des prix diminue
À l’échelle des marchés financiers :
- Des taux d’intérêts plus élevés attirent les investisseurs internationaux en quête de meilleurs rendements
- Le marché financier constate une diminution de la demande d’actions et d’actifs à risques au profit de placements obligataires
- Les entreprises gourmandes en dette dans le cadre du financement de leurs opérations peuvent expérimenter une chute de leur valorisation boursière en raison des coûts plus élevés des prêts
Au niveau du commerce international :
- La hausse des taux d’intérêt, engendrant une hausse de la demande pour la monnaie nationale (USD), implique son appréciation par rapport aux devises étrangères
- Cette appréciation implique à son tour la hausse du prix des exports relativement à celui des imports. La balance commerciale penche du côté d’une tendance déficitaire (si excédentaire elle était)
- Les pays émergents constatent une augmentation de la valeur de leur dette étant donné la dépréciation de leur devise face au Dollar américain (dans le cadre du remboursement des prêts émis par le FMI et de la BM)
La stratégie entamée par la FED semble jusque-là battre toute prévision, même optimiste, grâce au génie et à l’expérience de Powell dans le quadrillement de l’inflation. L’annonce faite des 25 points de base amenant les taux d’interêt à leur niveau le plus élevé depuis 2007 permet aux experts d’affirmer, avec plus ou moins de confiance, que le pic inflationniste est désormais derriere nous.
La FED continuera-t-elle d’alimenter cette escalade des taux d’intérêt ? Affaire à suivre … seule l’accommodation (ou pas) du marché nous permettra d’en tirer les conclusions nécessaires. Dans tous les cas, si votre concessionnaire de voitures affiche une période de soldes, sachez que ce n’est pas plus un acte de générosité de sa part qu’il n’est la conséquence mécanique d’une régulation administrée du marché.
« Nous allons être prudents avant de déclarer la victoire et d’envoyer des signaux indiquant que nous pensons que la partie est gagnée, car nous avons un long chemin à parcourir », a déclaré le président de la FED, Jerome Powell, aux journalistes américains lors de sa dernière sortie médiatique.