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Les gagnants et perdants des cycles économiques

par Timur Kazkondu

Dans notre série d’articles dédiés aux cycles économiques, nous concluons cette semaine par l’analyse des actifs gagnants et perdants de chaque étape composant les desdits cycles. Après avoir fait le parallèle avec les saisons, puis donné une explication détaillée des phases, nous souhaitons proposer aux lecteurs une vue d’ensemble pragmatique qui l’aidera dans ses décisions d’investissement. 

Que ce soit en période de ralentissement ou en période d’expansion, maîtriser les clés de lecture et de décryptage de l’activité économique reste un atout majeur pour l’investisseur néophyte qui souhaiterait se lancer dans le grand bain et anticiper les mécanismes de marché. 

1. Rappel des principaux éléments 

Premièrement, l’économie suit une tendance similaire à celle des saisons, que l’on appelle cycle économique ou cycle conjoncturel, et dont les patterns se répètent indéfiniment. Celui-ci est composé de plusieurs phases qui, en fonction de leur longueur, déterminent la durée totale du cycle. 

La reprise, l’expansion et la haute conjoncture représentent les étapes positives de l’activité économique, tandis que le renversement, la récession et la basse conjoncture sont les représentations d’une économie en berne. 

Nous pouvons distinguer trois types de cycles : les longs (on parle dans ce cas de tendance économique), les courts (conjonctures) et les très courts (évolution saisonnière)

Deuxièmement, l’activité d’une économie est mesurée par le Produit Intérieur Brut (PIB). Il détermine l’ensemble des produits et services finaux créé par un pays pendant une année. Il est l’addition de plusieurs éléments dont la Consommation des ménages (C), l’investissement des entreprises (I), l’investissement de l’état (G) ainsi que la différence entre les exportations et les importations (X – M). Sa formule est C + I + G + (X-M).

C’est donc la somme des dépenses et des investissements de ces acteurs qui donne une image annuelle de l’activité économique d’un pays et nous informe si celui-ci est en croissance ou en récession. 

Troisièmement, le taux d’intérêt qui est subdivisé en deux : les taux à court terme et les taux à long terme. Le premier est utilisé par les entreprises et les organismes financiers (banques, institutions de crédits) qui travaillent sur le marché monétaire. Les grandes orientations du taux CT émanent des décisions prises par les banques centrales. Le taux à long terme fait office de référence pour les autres acteurs, comme les entreprises et les particuliers. Il constitue la base de l’emprunt sur plusieurs années et est déterminé par la relation entre l’offre et la demande. 

Enfin, le choix des investisseurs se portera sur différentes classes d’actifs pour la création de leur portefeuille. Parmi ces titres financiers, nous pouvons retrouver des actions, qui représentent un titre de propriété d’une partie du capital d’une entreprise. Le détenteur d’une action (l’actionnaire) réalisera une plus-value si le cours augmente. A contrario, il subira les conséquences d’une mauvaise opération si l’entreprise enchaîne les mauvais résultats et ne dégage pas de bénéfices ou dépose le bilan. 

Les obligations sont des titres de créance auprès d’une société, d’une institution ou d’un pays. Elles possèdent une échéance et versent un intérêt régulier. Ce type d’actif s’adresse aux personnes qui cherchent une certaine garantie du capital au terme, le risque étant généralement plus faible. (le risque zéro n’existe pas).

Les produits dérivés voient leur valeur dépendre d’un autre actif financier, que l’on appelle le sous-jacent. Les produits dérivés les plus connus sont les options, les futures/Forwards et les CFD. Ils s’adressent à des professionnels de la finance comme les gestionnaires de fonds d’investissement et les Hedge Funds (Fonds de couverture). La notion de stratégie est importante puisqu’il s’agit de « parier » ou de se couvrir sur une évolution future du sous-jacent en réalisant un effet de levier. 

Les Exchange-traded Funds (ETF) sont des fonds cotés en Bourse dont le fonctionnement est de répliquer les performances du sous-jacent, qui peut être un indice boursier (Nasdaq, CAC 40, etc.), sectoriel (énergies renouvelables, automobiles, etc.) ou de matières premières (or, pétrole, etc.). Leur intérêt réside dans une gestion passive du portefeuille et la limitation des frais. 

L’or et les cryptomonnaies complètent notre sélection d’actifs à négocier durant les différentes phases du cycle conjoncturel. 

2. Phase ascendante du cycle

La récurrence des cycles semble montrer qu’il existe un lien quasi systémique entre marché financier et croissance économique, dont les évolutions respectives se font la plupart du temps dans la même direction. Ainsi, en temps de reprise et d’expansion, la focale est mise sur les indicateurs de croissance, le volume d’activités, les investissements privés et les chiffres de l’emploi. De la même manière que l’agriculteur pratique une culture sur brûlis pour améliorer la fertilité de ses sols, l’économie s’attend à un effet rebond assez significatif pour espérer prospérer en sortie de dépression. Pour les ménages, la demande est incontestablement la variable la plus importante, car elle influe sur le carnet de commandes des entreprises. L’épargne constituée est utilisée en achats divers et a vocation à améliorer la qualité de vie, jusqu’à ce qu’il y ait un tassement des dépenses et donc une annonce de la haute conjoncture.  

Les entreprises jouent également un rôle important. Lorsqu’il y a redressement de la demande, certaines dépenses d’investissement permettent l’augmentation du stock de capital des entreprises, entraînant une hausse des actifs nets. Pour faire simple, l’entreprise se retrouve mieux valorisée sur les marchés financiers puisque ses bénéfices non distribués n’iront pas au versement des dividendes ni au rachat d’action, ce qui pourrait influencer de manière positive ses cours. Il s’agit également de savoir cibler les opportunités d’investissement en adoptant une approche sectorielle : prendre le pouls des entreprises qui ont le plus souffert d’un contexte de crise particulier, mais dont les chiffres et résultats financiers ne reflètent pas leur valeur réelle, puis tenter de déterminer si la phase haussière du cycle pourrait leur être favorable. 

À titre d’exemple et pour faire l’analogie sur la période que nous vivons, certaines valeurs technologiques se sont appréciées, notamment celles des Big tech, qui sont considérées à ce jour comme les grandes gagnantes de cette reprise à la même enseigne que les valeurs des secteurs aéronautique et industriel, qui ont fortement bénéficié de la levée des restrictions, de l’augmentation de la demande intérieure et du début de l’été. Plus généralement, de bons résultats financiers couplés à une forte demande des consommateurs favorisent la montée des cours de la bourse. Les obligations, bien que moins intéressantes, peuvent tout de même proposer un rendement satisfaisant grâce aux entreprises qui offrent un coupon robuste. 

L’État, de son côté, peut également y contribuer en facilitant l’emprunt pour les investissements, pour ensuite récolter les recettes de cette dynamique. 

L’économie commence alors à être en surchauffe, poussée par une inflation sans cesse galopante. Dans un climat d’emballement de la demande et des prix, les banques centrales du monde entier interviennent en relevant les taux directeurs court terme afin d’éviter une situation hors de contrôle. L’augmentation continue des taux d’intérêt incitera le gestionnaire avisé à une réallocation de ses actifs, optant pour des secteurs défensifs et anti-inflationnistes comme l’or. Petit à petit, l’appétit des investisseurs s’amenuise jusqu’à ce qu’une information vienne sonner le glas de l’économie et des marchés financiers par extension. La musique s’arrête. 

3. Phase descendante du cycle

Les phénomènes de contraction et de dépression de grande envergure existent depuis la naissance de la croissance économique moderne, que l’on peut attribuer à l’époque de la première révolution industrielle de 1780. La surchauffe précédant le début des tendances baissières représente le point de bascule de l’économie. Sur les marchés boursiers, cela peut se traduire par des flambées spéculatives et donc in fine par des bulles financières. Lorsqu’elles éclatent, elles entraînent avec elles l’ensemble de l’économie réelle dans une récession (baisse du PIB durant plus de deux trimestres consécutifs), voire plus grave encore dans une dépression. Il est assez compliqué d’identifier les bénéficiaires d’une crise qui a pour résultante un krach boursier généralisé. Un tel contexte est expliqué par une offre qui ne peut clairement plus répondre à la demande. Les perspectives de gains diminuent, ce qui engendre des pertes d’emploi, une augmentation du chômage et une baisse des salaires. Les ménages, dans une optique de protection de leur épargne, reportent leurs dépenses à plus tard, ce qui accélérera la chute de l’économie. Néanmoins, la mise en place de mesures politiques contracycliques et l’adoption de nouveaux paradigmes de consommation en conséquence peuvent permettre aux entreprises les plus innovantes de sortir leur épingle du jeu.

Sur les marchés boursiers, les secteurs à privilégier doivent éviter toute corrélation avec l’actualité économique, comme la consommation de base ou de la santé. Les investisseurs pourraient également opter pour d’autres actifs plus défensifs comme les obligations ou les matières premières. Bien que certaines cryptomonnaies soient perçues comme « anti-inflationnistes », cela n’a pour l’instant pas pu être vérifié sur le terrain par absence de basse conjoncture. 

L’inflation est alors très faible et il faudra attendre une petite impulsion de la demande (provenant généralement des États-Unis) pour amorcer une reprise des exportations, de la production des entreprises et donc de l’économie en général. 

Article rédigé par l’équipe Macroéconomie/Fondamentale de Parlons Finance (Timur Kazkondu & Youcef Nazim Tahari)

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