- Bonjour Florian, merci de répondre à nos questions et faire profiter la communauté Parlons Finance de tes conseils. Tout d’abord, peux-tu te présenter et quelles sont tes affinités avec le monde de la finance ?
Bonjour, je m’appelle Florian Christiaens, j’ai 23 ans et je suis en première année de Master en Business economics à la Solvay Brussels School. Durant mes études, j’ai cherché à m’investir dans des activités extra-académiques et le Solvay Finance Club s’est présenté à moi. Au sein de ce groupe, j’ai pu assister à différents workshops et ai appris énormément. Lorsque la présidence s’est libérée, une amie et moi avons posé notre candidature et avons été élus. Cette année, j’ai eu l’opportunité de prolonger l’aventure avec mon petit frère.
Assurer la présidence de ce club implique un travail et une remise en question permanente de ses connaissances en finance, c’est la raison pour laquelle je me suis lancé dans l’investissement. J’ai également eu l’occasion de participer au Rallye boursier organisé par L’Echo en tant que guest. Néanmoins, j’aurai eu beaucoup de chance pour le néophyte que je suis !
- Quelles ont été les raisons qui t’ont poussé à investir ?
Je suis fasciné par toutes les interactions qui existent entre l’actualité et les marchés financiers, c’est pourquoi la macroéconomie est ce que je préfère. Prévoir la réaction des marchés m’attire davantage que l’analyse de ratios financiers. Je m’intéresse également beaucoup à la finance comportementale et à ses implications.
- Que dirais-tu à des jeunes qui souhaiteraient se lancer dans la finance ?
L’idée que l’on peut se faire de l’étudiant en finance, très calé en mathématique, doit être effacée. Certes, comprendre les mécanismes et les formules qui font les bases de la finance moderne dans le but d’interpréter les interactions qui l’animent est important, mais il existe tellement d’autres manières de s’informer ! La macroéconomie ou la finance comportementale, par exemple, sont des branches de l’économie qui proposent un point de vue intéressant sur le fonctionnement des marchés boursiers. Selon moi, l’apprentissage à l’université doit être complétée par des recherches personnelles.
Enfin, je dirais que les jeunes devraient s’intéresser à l’investissement. Il représente pour eux une excellente façon de faire des profits à long terme. Toutefois, j’insiste sur le fait que ce n’est pas un domaine réservé à tous et qu’un minimum de connaissance est nécessaire.
- Comment as-tu vécu l’année 2020 ? Cela pouvait-il être prévu par tes connaissances en macroéconomie ?
Même si j’aime chercher à prédire ce qui se passera sur les marchés financiers, je dois reconnaître qu’il n’existe pas toujours de corrélation. La Covid19 a changé bien des choses et les valeurs de croissance, comme les GAFA, ont vu leur cours flamber durant les confinements successifs. En 2020, un portefeuille diversifié était quand même composé en grande partie d’actions de croissance, ce qui a conduit à des résultats exceptionnels. Les actions « value », quant à elles, ont été délaissées pendant les 2/3 de l’année avant de reprendre une dynamique haussière.
Personnellement, j’ai pu profiter de bonnes opportunités, et cela, du rebond qui a démarré au second semestre jusqu’en janvier 2021. J’ai une affinité particulière pour les entreprises américaines, celles dont j’utilise leurs produits au quotidien. Elles ont un prestige que les actions européennes ont moins, bien qu’il existe quelques fleurons sur le Vieux Continent. Rajoutez à cela une volatilité supérieure, ce qui n’est pas négligeable lorsque l’on veut faire gonfler son portefeuille.
- Pourquoi parler « d’affinité » ?
J’utilise ce terme pour illustrer le niveau de connaissance dont je souhaite obtenir lorsque je choisis mes titres. Sans aller jusqu’à parler d’une adhésion avec tout ce que fait l’entreprise, j’aime néanmoins comprendre ce qu’elle fait, analyser son business model et ses projections de croissance. Je ne me force jamais à acheter quelque chose qui ne m’inspire pas.
- Que reste-t-il encore comme opportunités pour une personne qui souhaiterait commencer à investir ?
Tout d’abord j’aimerais commencer par dire que je reste un étudiant (rires). Selon moi, il reste toujours des opportunités sur le court terme, dans des secteurs spécifiques. Ce phénomène peut être expliqué par la politique monétaire très accommodante de la Fed et son soutien massif depuis le début de la crise. Cependant, je trouve le marché américain très cher et je ne le vois pas tenir une telle performance à moyen terme. Bien entendu, le meilleur investissement, et le plus rentable, reste sur le long terme.
- La remontée des taux d’intérêt est au cœur des tensions, qu’en penses-tu ?
Aujourd’hui, l’inflation joue un double rôle, celui d’inciter les épargnants à faire travailler leur argent et celui de trouble-fête (peur d’une surchauffe de l’économie, NDLR.). Cela affecte également les entreprises de croissance qui, comme leur nom l’indique, attirent les investisseurs par l’actualisation des revenus futurs importants. Avec une inflation galopante, ces projections sont compromises.
Il faut savoir que l’injection de grandes quantités de liquidités est à l’origine une décision purement quantitative, un instrument de réponse de la finance « classique ». De nos jours, les actions des banques centrales influencent directement le comportement des marchés et doivent tenir compte de cette variable. De plus en plus de néophytes suivent les conférences et pour le particulier anxieux, le moindre mot dans un discours peut être interprété comme un signal d’achat ou de vente. Cet engouement soudain doit être pris en considération.
Pour ce qui est des tensions autour des taux d’intérêt, cela fait l’actualité depuis plus d’un an. Si l’inflation continue de grimper, il faudra la maîtriser. Dans un premier temps, je pense que cela passera par la diminution du programme d’assouplissement monétaire.
- Quel est ton regard par rapport aux cryptomonnaies et l’engouement qu’il suscite auprès des jeunes ?
Je vais aller à contre-courant de ce qui est tendance actuellement, mais je ne suis pas fan des cryptomonnaies. J’aime la volatilité, tant que cela reste compréhensible, ce qui manque cruellement à ces actifs. La macroéconomie repose sur des fondamentaux, on peut créer des liens. Dans le cas des cryptos, tout peut changer sur base d’un simple tweet.
On peut également noter le paradoxe entre l’idée de départ, une finance décentralisée, et la réalité que l’on observe aujourd’hui. Certains voulaient s’émanciper du pouvoir de Jérôme Powell (actuel président de la Réserve fédérale, NDLR) et tombent désormais sous les sautes d’humeur d’Elon Musk (rires).
Pour finir, je dirai que l’investissement en cryptomonnaies doit se faire sur le long terme et doit être accompagné d’une conviction forte pour ce genre d’actif. Selon moi, il peut représenter 5 % du portefeuille global.
- Quelle est ta vision de « long terme » ?
Dans le cadre du trading, elle se situe au-delà d’un an. Cela dépend évidemment du business de l’entreprise ainsi que du type de produits financier.
- Un dernier conseil aux lecteurs de Parlons Finance ?
Investissez dans des choses qui vous plaisent, gardez un œil sur les plans de Biden et surtout, suivez votre instinct (rires).
Cette interview est la retranscription d’une discussion réalisée entre Florian Christiaens, Florenc Micaj et Timur Kazkondu.