« The land of opportunity », c’est cette image que beaucoup ont des États-Unis. Il est clair que ce pays a vu naître des mastodontes de notre quotidien, comme Facebook, Amazon, Ford, Microsoft. Ce pays où l’impossible peut devenir réel, à coup de millions de dollars. Ayez juste une bonne idée, le reste viendra. C’est ce que croyait Elizabeth Holmes, qui fonda l’une des startups les plus prometteuses pour la médecine, Theranos.
Révolutionner le monde de la santé
Elizabeth Holmes est née le 3 février 1984 à Washington. Très jeune, elle se passionne pour la technologie et la chimie, des études qu’elle tentera de suivre avant d’abandonner.
Durant l’été 2002, Holmes fit un stage à Singapour où elle testa des échantillons sanguins potentiellement atteints par le SRAS, une forme de coronavirus. Jugeant les méthodes archaïques, elle était persuadée de pouvoir proposer quelque chose de mieux.
L’étudiante de Stanford, alors fraîchement entrée dans la vingtaine, fit preuve d’un esprit entrepreneurial et d’une vision remarquable : elle œuvra à la création d’un outil qui révolutionnerait l’analyse sanguine et délivrerait des médicaments en temps réel. Selon elle, sa technologie permettrait de réduire sensiblement les délais d’analyse en laboratoire.
Un an plus tard, Elizabeth Holmes quitta Stanford, sans son diplôme, mais les étoiles plein les yeux. Elle s’installa à Palo Alto (Californie), où l’impossible devient réalité. C’est le début de la société Theranos.
Le rêve de Theranos
Theranos prend vie sur une idée simple : recueillir un maximum d’informations à partir de quelques gouttes de sang, et ce en quelques minutes seulement.
Jusque-là, les analyses se faisaient sur plusieurs jour, réparties parfois sur plusieurs laboratoires. L’avantage concurrentiel de Theranos tenait dans sa capacité à centraliser les données et à gagner du temps.
Les promesses étaient belles et le charisme de la fondatrice conquit de nombreux investisseurs. Entre 2003 et 2015, la société enchaîna les tours de table à la recherche de capitaux, jusqu’à atteindre une valorisation de 9 milliards de dollars en 2014, faisant d’Holmes la plus jeune milliardaire dans la catégorie « self-made female ».
Cela fut rendu possible grâce à une communication soignée et un engouement des médias. La jeune CEO pratiqua à merveille l’art de la vente, tout en gardant un voile opaque sur sa technologie. Elle joua même de sa fascination pour Steve Jobs en copiant son style, il n’en fallait pas plus aux journaux pour voir en Theranos le nouvel Apple.
Le début des ennuis
Si d’un côté les choses semblaient se porter à merveille pour Theranos (la société a signé un partenariat avec la chaîne de pharmacies Walgreens), de l’autre des doutes commençaient à se poser sur la faisabilité du projet.
En effet, malgré de nombreux essais, aucun appareil produit par la startup n’arrivait à atteindre ses objectifs. Soit il ne fournissait qu’un petit nombre de résultats, soit la concurrence faisait mieux. Pire, l’omerta imposée par les dirigeants aux employés empêchait quiconque d’avoir une vision claire sur le projet.
Elizabeth Holmes floua ses partenaires. Elle mentit sur l’origine de ses appareils, sur l’état d’avancement et même sur les résultats. Il devenait de plus en plus évident que la révolution annoncée ne serait pas celle que tous les experts attendaient.
En 2018, le monde d’Elizabeth Holmes bascula lorsque le journaliste du Wall Street Journal, John Carreyrou, publia un livre intitulé « Bad Blood : Secret and Lies in a Silicon Valley Startup ». Cette œuvre est le fruit de longs mois d’enquête dont le but est d’exposer au monde entier la supercherie que serait la nouvelle licorne américaine.
Suite à ces révélations, la fondatrice tenta de sauver les meubles en démentant les faits, en essayant de recadrer son idée et en mettant la pression sur des médecins et journalistes, mais en vain. C’était la fin de Theranos.
La société fut liquidée en septembre 2018 et Holmes fut inculpée de onze chefs d’accusation, dont celui de complot en vue de commettre une fraude. Elle gardera une attitude froide lors de son procès, répondant près de 600 fois « je ne sais » aux questions qui lui seront posées.
Conclusion
Le monde regorge de visionnaires, de talents, de rêveurs, mais très peu ont la chance de voir leurs idées se concrétiser. Elizabeth Holmes s’imaginait que son projet, aussi révolutionnaire soit-il, aboutirait d’une manière ou d’une autre. Elle qui voulait faire partie des Zuckerberg, Jobs, Brandson, elle aura choisi le chemin du mensonge et de la fraude. Au final, la seule chose qui la rapprocha de son idole, Steve Jobs, aura été son pull à col roulé noir.
Article écrit par l’équipe Parlons Finance (Timur Kazkondu & Vicky Ncamurwanko)