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L’investissement durable

par Timur Kazkondu

Depuis quelques années, nous assistons à une augmentation du nombre de personnes qui souhaitent investir en bourse. La raison principale de cet engouement est la faiblesse des taux qui a limité l’intérêt des comptes d’épargne et a largement profité au marché des actions. 

Si certains investisseurs sont focalisés sur la recherche d’un rendement élevé (jusqu’à acheter des actifs exotiques comme les cryptomonnaies), d’autres souhaitent également donner un sens à leurs faits afin de contribuer à construire un monde meilleur

À leurs yeux, les critères de réussite ne se limitent pas uniquement aux performances financières et boursières d’une entreprise, mais reprennent aussi leur impact sur le monde qui les entoure. 

Le secteur de la finance a rapidement compris qu’il fallait créer des standards d’investissement durables afin de s’aligner sur les attentes des clients et les 17 objectifs du développement durable proposés par les Nations Unies*

Trois lettres, trois objectifs.

De ce débat sont nés les critères ESG, ou Environnemental, Sociétal et Gouvernemental qui deviendront les bases de tout investissement socialement responsable. Il existe également d’autres listes dont l’éventail est plus large (ex : exclusion des activités liées au nucléaire). 

  • Environnemental : Ce critère mesure l’impact de l’entreprise sur son environnement, notamment les efforts pour réduire l’empreinte écologique, la diminution de gaz à effets de serre, la consommation d’eau ou la maîtrise des déchets.
  • Social : Ce critère mesure l’impact de l’entreprise sur les différentes parties prenantes avec qui elle travaille. Le regard est également tourné en interne avec l’analyse des valeurs défendues ou la diversité au sein de la société. 
  • Gouvernance : Ce critère mesure la façon dont l’entreprise est dirigée, la qualité de son management, la stratégie adoptée, la transparence de ses activités et son indépendance vis-à-vis des lobbys. 

Chaque critère est évalué séparément et a un poids identique pour l’attribution du label ESG. Cela implique qu’il est nécessaire d’obtenir de bons scores dans chaque catégorie et non pas uniquement dans une ou deux. 

La recherche du respect des critères ESG a permis l’élaboration d’une liste d’activités controversées et l’exclusion des entreprises qui ont un lien direct avec celles-ci. On y retrouve les jeux d’argent, la pornographie, la vente ou l’achat de tabac ou d’armes, l’extraction d’énergies fossiles ou l’exploitation de mineurs pour le travail. 

Création d’un fonds et obtention du label

Les gestionnaires de fonds d’investissement sont parmi les plus actifs dans la création de portefeuilles dits « durables ». 

Pour cela, ils sélectionnent des titres sur base de critères financiers et extrafinanciers.

Dans le premier cas, on y retrouve la valeur boursière de l’entreprise, ses résultats annuels, les prévisions de croissance ou la stratégie. Les critères extrafinanciers sont souvent inspirés de l’ESG. 

Pour rester cohérentes vis-à-vis des investisseurs, les gestionnaires veillent à appliquer ces mêmes critères au sein de leur structure. Ils n’hésitent pas à demander aux sociétés dans lesquelles ils investissent de faire pareil. 

Avant de pouvoir proposer le fonds « durable » au grand public, celui-ci devra être soumis à un organisme indépendant qui validera, ou non, l’application du label. Dans l’affirmative, un compte rendu sera publié chaque année pour informer les actionnaires du respect constant de ces critères. 

Plus de transparence grâce au SFDR

Depuis le 10 mars 2021, le Sustainable Finance Disclosure Régulation invite les institutions financières à accroître la transparence sur leurs manières d’intégrer la durabilité dans leurs conseils ou décisions d’investissement. L’objectif est avant tout de protéger les investisseurs et leur donner un aperçu des conséquences que peut avoir le (non) respect de ces critères sur leurs investissements.

Cette mesure concerne plusieurs acteurs de la finance, comme les banques, les compagnies et intermédiaires en assurance ainsi que les gestionnaires d’actifs financiers

Les produits, quant à eux, visent les fonds d’investissement (OPCVM), les assurances-placements et les fonds de pension

Le SFDR permet également de classifier les produits en trois catégories :

  • Les produits étiquetés Article 9 remplissent pleinement des objectifs durables.
  • Ceux repris sous l’Article 8 favorisent les critères ESG, mais sous une application plus large 
  • L’Article 6 reprend tous les autres produits qui n’ont pas d’objectif durable ou ne les appliquent pas suffisamment. 

Conclusion 

Si nous sommes encore loin d’avoir une finance « propre et durable », nous tendons vers cet objectif pas à pas. Bien que les marchés financiers aient une image d’un monde déconnecté du réel, nous pouvons constater que les considérations croissantes des citoyens, comme le changement climatique ou l’égalité des genres, se répercutent sur leur manière d’investir. Les institutions voient leur rôle passer du « simple » gestionnaire d’actif au porte-parole d’enjeux planétaires… ce qui ne pourra que plaire à la jeune génération.  

*Les 17 objectifs des Nations Unies :

1.      Pas de pauvreté 

2.      Faim « zéro » 

3.      Bonne santé et bien-être 

4.      Éducation de qualité

5.      Égalité entre les sexes

6.      Eau propre et assainissement

7.      Énergie propre à un coût abordable

8.      Travail décent et croissance économique

9.      Industrie, innovation et infrastructure

10.    Inégalités réduites

11.    Villes et communautés durables

12.    Consommation et production responsables 

13.    Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques

14.    Vie aquatique

15.    Vie terrestre

16.    Paix, Justice et institutions efficaces

17.    Partenariats pour la réalisation de ces objectifs

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