Accueil Economie Qui est Joseph Aloys Schumpeter (1883-1950), l’économiste rebelle appelé parfois « l’hérétique » ?

Qui est Joseph Aloys Schumpeter (1883-1950), l’économiste rebelle appelé parfois « l’hérétique » ?

par Timur Kazkondu

De nombreux économistes, tels que Smith, Ricardo ou Keynes, ont fait le bonheur de leurs concitoyens grâce à des théories novatrices et largement adoptées par leurs pairs.

Cependant, d’autres ont fait avancer les sciences économiques en nageant à contre-courant des pensées dominantes, quitte à se tenir en marge de l’élite intellectuelle. C’est le cas de l’austro-américain Joseph Aloys Schumpeter, inventeur de la théorie de « destruction créatrice ».

Qui est-il ?

J.A. Schumpeter est né en 1883 dans l’ancien empire austro-hongrois. Il fit des études de droit à l’Université de Vienne où il côtoiera des professeurs qui revisitent les théories d’Adam Smith. C’est là qu’il développera le goût de la réflexion et du changement des idées populaires.

La Première Guerre mondiale suivie de la montée des extrêmes en Allemagne pousseront le jeune universitaire à tenter de nouvelles expériences, peu concluantes, en tant que ministre des Finances puis directeur de banque. Dès le début des années 30, il quitta le Vieux Continent pour enseigner l’économie à Harvard.

Tout au long de sa carrière, il publia plusieurs ouvrages dont les plus célèbres sont « Le cycle des affaires » (1939) et « Capitalisme, socialisme et démocratie » (1942). C’est dans ce dernier que nous retrouvons sa théorie la plus controversée : la destruction créatrice.

Schumpeter meurt en 1950 aux États-Unis (dont il avait pris la nationalité) en laissant inachevé son dernier livre, « Histoire de l’analyse économique », paru en 1954.

La théorie de la destruction créatrice

Dans cette théorie, l’auteur met en avant l’importance des innovations industrielles et les effets destructeurs qu’elles ont sur les concurrents. Schumpeter qualifie lui-même « d’ouragan perpétuel » ce phénomène. Ce sont les entrepreneurs qui, par leur vision novatrice du business, arrivent à obtenir un avantage concurrentiel et à hisser leur entreprise à une situation de quasi-monopole.

Ceci n’est possible que lorsque l’innovation porte sur les produits ou les matières premières utilisées, les méthodes de production, l’organisation au sein de l’entreprise et les marchés à conquérir.

La destruction créatrice explique ainsi l’arrivée de jeunes entreprises qui perturbe l’ordre établi, allant jusqu’à renverser les anciens monopoles.

Schumpeter s’attaqua directement au Capitalisme, lui reprochant de ne pas être viable à long terme dans sa forme actuelle. La libre concurrence devrait laisser place à certains monopoles motivés avant tout par l’innovation.
De plus, cette critique ouverte au capitalisme provenant d’un professeur d’économie fut l’une des raisons pour lesquelles il fut traité « d’hérétique ».

Bien que polémique à sa sortie, la destruction créatrice fait partie aujourd’hui des théories « à la mode » dont s’en inspirent les plus grandes Start-ups. Ainsi, l’arrivée de l’informatique, des GAFAM et de l’intelligence artificielle sont des exemples visibles de ce que voulait nous enseigner Schumpeter.

Il est bon de rappeler que les sciences économiques sont une branche des sciences humaines et sociales. Essayer d’apporter une nouvelle explication théorique du monde qui nous entoure est à l’appréciation de ceux qui vont la vivre. Parfois, l’homme refuse tout simplement la création de la richesse, car il a peur d’affronter la destruction qui la précède.

Par Tim Kazkondu

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