Peu d’hommes et de femmes ont pu, à travers leur esprit, changer radicalement la vision du monde. Par leur logique et la démonstration de celle-ci, ils ont fait entrer l’Homme dans une nouvelle ère.
Parmi eux, nous retrouvons Pythagore et son théorème de géométrie (530 av. J.-C.), Newton et sa loi de la gravité (1687), ainsi qu’Einstein et sa loi sur la relativité (1905).
En 1997, la Finance moderne a trouvé son Saint-Graal, à la suite de la parution de l’article « The pricing of Options and Corporate liabilities ». Derrière tout cela, trois hommes, trois génies.
Qui sont les rédacteurs de cet article ?
Fischer Black était docteur en mathématiques appliquées et professeur dans plusieurs universités, dont la prestigieuse Massachusetts Institute of Technology. Durant sa carrière, il travailla également pour la banque d’investissement Goldman Sachs.
Myron Scholes, né au Canada, étudia l’économie à l’université de Chicago. Après avoir été diplômé, il commença une carrière d’enseignant au MIT et à Stanford.
Enfin, Robert Merton, fit son Master à la California Institute of Technology, suivi d’un doctorat en économie au MIT.
Tous les chemins semblent mener au MIT, car c’est là que les trois génies se rencontrèrent pour la première fois et décidèrent de collaborer à la création d’un modèle d’évaluation d’options.
Pourquoi ce modèle est-il si célèbre ?
La formule de Black-Scholes-Merton est très utile pour une catégorie de produits financiers, les produits dérivés.
Pour rappel, un produit dérivé est un actif financier dont sa valeur dépend (ou dérive) d’un autre actif financier, appelé le sous-jacent (un article est dédié sur Parlons Finance). Parmi les plus célèbres, nous retrouvons la possibilité d’acheter (Call) ou vendre (Put) un actif sous conditions, c’est l’option. Cette option donne le droit d’acquérir ou de se séparer d’un actif à un prix déterminé d’avance, et ce à un moment précis.
L’avantage d’une option est qu’elle permet à l’acheteur de se positionner dans le futur en limitant le risque pris. Dans le cas d’un acheteur, s’il veut se prémunir d’une hausse des prix, son option lui donne le droit d’acheter à 10 € un actif qui vaudrait 15 €. À l’inverse, un put permet de vendre à 15 € au lieu de 10 € sur le marché.
Pour le vendeur d’une option, l’opération est gagnante si les conditions d’activation ne sont pas remplies. Il empochera alors le prix de l’option.
Valoriser correctement le prix de l’option est donc primordial (d’autant plus que chaque actif a une volatilité différente), et c’est sur quoi travaillaient Black, Scholes et Merton.
Quel a été l’accueil réservé par les pairs ?
La formule fut rapidement adoptée par les analystes, les gestionnaires de fonds, les risk manager et les Hedge Funds, car elle apporta un modèle standard sur lequel s’appuyer.Cependant, elle fut également critiquée pour ses hypothèses de départ, comme l’impossibilité de réaliser des arbitrages et l’absence de frais de transactions, deux facteurs bien présents dans la « finance réelle ».
Néanmoins, les travaux des trois chercheurs seront récompensés par le prix Nobel d’économie en 1997 (décédé en 1995 d’un cancer, Fischer Black ne sera pas officiellement nommé).
Après cela, Merton et Scholes seront les têtes d’affiche du fonds d’investissement « Long Term Capital Management », qui réunira des ténors de la Finance, mais fera faillite en 1998, en secouant fortement les marchés financiers.
En ce XXIe siècle, l’avènement de l’informatique et du trading à haute fréquence exige la création d’algorithmes simples et robustes. L’héritage laissé par ces trois hommes est une nouvelle preuve que la Finance moderne a besoin d’une base mathématique sur laquelle s’appuyer pour accompagner (ou contrer ?) la psychologie humaine, encore bien présente sur les marchés.
Par Tim Kazkondu