Accueil Banque & Finance L’asymétrie d’information : Quand la confiance et la peur se mélangent !

L’asymétrie d’information : Quand la confiance et la peur se mélangent !

par Timur Kazkondu

L’être humain est bien des choses… Il est avant tout un être sociable, qui interagit avec ses semblables et les aide pour ne pas se sentir seul. Il est également un être vivant qui ressent, et parfois succombe, à de nombreuses émotions.

Enfin, c’est un être intelligent qui a compris et exploité le monde qui l’entoure, dans un but précis d’amélioration de sa qualité de vie.

Fin 2019, nous étions très loin d’imaginer que, dans les mois à venir, un petit virus venu de Chine enlèverait de nombreuses vies, forcerait des millions de gens à s’enfermer chez eux, pousserait des gouvernements à prendre des décisions exceptionnelles, mettrait en lumière de larges failles de notre système économique ainsi que bien d’autres points que nous aurions préféré ne jamais connaître.

Dans un climat où les interactions sociales sont réduites, où la peur est renforcée, où les richesses créées s’évaporent, de nombreuses pistes ont été envisagées pour remonter la pente. Parmi celles-ci, il y a celle du crédit.

👉 Le terme « crédit » vient du verbe latin « credere », qui signifie « croire », « confier en prêt », ou « avoir confiance ». La forme de crédit la plus répandue dans nos sociétés est le prêt.

De quoi est composé le crédit ?

L’emprunteur : Il s’agit d’une personne ou une entreprise qui aimerait se lancer dans un projet qui améliorera sa qualité de vie ou celle de son entreprise. Cependant, elle ne possède pas immédiatement des fonds nécessaires à la réalisation de son projet. Pour ce faire, elle part à la recherche d’un financement

  • Le prêteur : il s’agit d’un organisme ou une personne, qui dispose de liquidités à prêter.
  • Les intérêts : Le prêteur cherche à ce que l’opération lui soit aussi bénéfique. Après tout, il prend un risque en mettant à disposition une partie de son capital à quelqu’un dont il ne connaît que peu de choses. Il demandera alors un remboursement avec intérêts pour couvrir ce risque. Cet intérêt prendra en compte la capacité financière de l’emprunteur et les autres crédits en cours.
  1. S’il s’agit d’une entreprise, son bilan comptable sera pris en compte, tout comme la qualité du management en place ou les opportunités de croissance.
  2. S’il s’agit d’un pays, d’autres points seront analysés comme la politique budgétaire, la création de richesse (PIB) ou la solidité de la monnaie locale.

Lorsque l’emprunteur est une personne physique, une banque peut se charger de vérifier la solvabilité de son client. Lorsqu’il s’agit de grandes entreprises ou d’États, les prêteurs s’en remettent aux analyses fournies par les agences de notation (ex. Moody’s, S&P, Fitch)

La durée : Le prêteur aura peut-être besoin de cet argent à l’avenir, il veillera donc à ne pas s’engager sur une très longue période.

Le monde d’aujourd’hui ne serait pas celui que l’on connaît si les prêteurs n’accordaient leur consentement qu’aux personnes « sûres à 100 % » et si les emprunteurs refusaient de payer le prix « du risque pris ». Ce compromis a permis aux sociétés modernes d’évoluer.

👉 C’est lorsque l’emprunteur et le prêteur discutent d’un éventuel prêt que les émotions humaines interviennent. Le premier souhaitant susciter la confiance chez le second apporte des éléments qui démontrent une solidité financière et une gestion « bon père de famille ».

À l’opposé, la crainte d’accorder un crédit à une personne insolvable pousse le prêteur à prendre de nombreuses précautions (comme mettre en hypothèque la maison achetée).

Lorsqu’une des deux parties dispose d’informations que l’autre n’a pas, on parle alors d’asymétrie d’information. Un vendeur pourrait omettre l’existence de vices cachés et un emprunteur pourrait gonfler ses chiffres pour favoriser son dossier.

Dans ces cas, une bataille psychologique s’engage entre la confiance et la peur. Toutes informations objectives et vérifiables permettent à l’un ou l’autre de prendre le dessus. Finalement, l’accord trouvé sera le reflet du sentiment dominant dans la relation.

A-t-on accordé ce prêt à 2% parce que l’on a confiance dans le projet de l’emprunteur ? Ou a-t-on défini que 2% seraient une juste rémunération pour un projet comportant quelques risques ? Tout est dans la formule que l’on utilisera pour définir le deal.

En ces temps compliqués, l’apocalypse économique n’a pu être évitée que parce que l’on a fait appel à l’un des principes fondamentaux de l’être humain, la solidarité. Les banques, centrales ou classiques, ont fourni aux entreprises les liquidités nécessaires pour maintenir leurs activités et les emplois. Les milliards d’euros accordés, en urgence, sous forme de prêt, montre un état d’esprit : nous avons préféré avoir confiance en l’autre, plutôt que d’en avoir peur.

Par Timur Kazkondu

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