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Du virus à la communication chinoise …

par Naqi Hamza

Le gouvernement chinois, menant une bataille mondiale de la communication, a saisi l’opportunité de la crise du coronavirus, pour se démarquer et marquer des points face aux Etats-Unis et aux démocraties occidentales. 

Selon l’OMS, nous parlons de pandémie en cas de propagation mondiale d’une nouvelle maladie. La différence avec une épidémie réside dans l’ampleur géographique d’une maladie infectieuse, l’épidémie se résumant à une région, un pays, ou une zone géographique définie.

Le 12 mars 2020, l’Organisation Mondial de la Santé a considéré le cas du COVID-19 de Pandémie et pour en témoigner la véracité, j’en veux pour exemple les 180 pays actuellement touchés.[1]

Ce 27 mars 2020, la présidente du FMI, madame Kristalina Georgieva, a dit que « nous avons réévalué les prévisions de croissance de 2020 et 2021, il est maintenant claire que nous sommes en récession’. L’OCDE est allé jusqu’à revoir sa prévision de croissance mondiale à la baisse de 3% à 2,4%.

Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE nous dit pour sa part : « Compte tenu des estimations, le confinement affectera directement les secteurs représentant jusqu’à 1/3 du PIB dans les plus grandes économies, chaque mois de confinement entraine une perte de 2% dans la croissance du PIB annuel. »[2]

Lorigine du mal – covid 19

Rappelons que l’épidémie, n’est pas le fruit du simple hasard, mais la conséquence de condition sanitaire critique. En effet, dans une épidémie, l’origine, est le point de départ…

Selon Didier Sicard, spécialiste des maladies infectieuses, « le plus frappant dans cette crise est l’indifférence au point de départ », à l’origine de cette pandémie. C’est pourquoi, il affirme qu’il faut opérer de nouvelles analyses de terrain afin d’observer méticuleusement la chaîne de transmission des coronavirus.

Ce qu’on observe davantage dans nos sociétés, c’est l’unique intérêt porté au point d’arrivée : le vaccin, les traitements, la réanimation. Mais pour que cela ne recommence pas, il faudrait considérer que le point de départ est vital.

Aujourd’hui, tout nous indique que le marché d’animaux vivant de Wuhan en Chine est le point de départ du virus et, effectivement, tout types d’animaux sauvages s’y trouvent. Nous avons appris que le Corona virus est porté par les chauves-souris depuis toujours, d’autres animaux sauvages dans ce marché ont aussi la faculté d’être porteurs tels que les serpents et les pangolins. Un animal contaminé a forcément dû être mangé et, de facto, contaminé le premier homme…

La non-transparence et le manque de contrôle sanitaire est un reproche récurent fait par les organismes internationaux, et ce depuis plusieurs années.

En effet, l’OMS avait déjà demandé à la Chine de fermer ses marchés vivants où des animaux sauvages sont considérés comme ‘met’ par la population chinoise qui en raffole, mais rien n’a été fait, et ses mêmes marchés fermés pendant un cours laps de temps sont à nouveau ouverts à ce jour. Certaines personnes précisent même que ces marchés rapporteraient autant d’argents que le marché de la drogue.

La bataille de la communication.

La préoccupation majeure de la chine en toute circonstance est de garantir une image positive, nul ne doit y nuire. Un porte-parole du ministre des affaires étrangères chinois Zhao Lijian est allé jusqu’à affirmer le 12 mars 2020 les choses suivantes :

  • « Le Covid-19 pourrait être originaire des États-Unis »
  • « Quand le patient zéro a-t-il été infecté aux États-Unis ? »
  • « Combien de gens ont été infec­tés ? Quels sont les noms des hôpi­taux ? Ça pour­rait être l’US Army qui a amené l’épi­dé­mie à Wuhan. Soyez trans­pa­rents ! Rendez vos données publiques. Les États-Unis nous doivent une expli­ca­tion ! »

En décembre, lorsque l’épidémie faisait rage à Wuhan, le monde était émerveillé face à la capacité de la Chine à construire « un hôpital » en seulement quelques jours.

Tout est sous contrôle, nous disait-on. De plus, il n’y aurait eu que 50 nouveaux cas positifs à Wuhan le 30 mars et ceux-ci sont des cas importés selon le gouvernement.

Par ailleurs, le 31 mars, les marchés asiatiques ont connu un bon important. En effet, Mr. Zhao Qinghe, statisticien senior du BNS (Bureau National des Statistique Chinois ) nous affirme que la production chinoise connait une extension de l’activité : « Un indice supérieur à 50 indique une expansion de l’activité, alors qu’un indice inférieur à 50 traduit une contraction. Ce rebond est dû au rétablissement de la production et au retour à la vie normale, ainsi qu’à une tendance positive de contrôle de l’épidémie de nouveau coronavirus »[3]

La chine vient en aide aux pays touchés par la pandémie notamment en Italie avec des masques et du personnel soignant venu en grandes pompes par avion, l’envoi de matériel médical à l’Espagne, bien qu’il s’est avéré être obsolète par la suite. Bon nombre de pays bénéfice de l’aide et de la bienveillance de la chine à ce jour, cette dernière se dit venir en aide au monde.

La Chine fait également usage de la diplomatie du masque avec ses plus de 4 milliards de masques vendus en un mois, ce qui porte ces exportations à un montant total de 10,2 milliards de Yuans soit 1,33 milliards d’euros et ses 9.000 nouvelles usines de production de masques construites.

Notons, qu’il n’existe pas d’aide désintéressée en politique, aucune aide humanitaire d’un pays ne peut se dire totalement désintéressée. La politique de communication est un fait normal, il n’y a pas d’alliés ou de rivaux mais des intérêts et par cela tout est bon pour élargir son influence, comme nous le rappelle Pascal Boniface, géo-politologue et directeur de l’IRIS.

La stratégie chinoise est claire, il s’agit en effet de promouvoir la nouvelle route de la soie, et elle y a déjà massivement investi dans quelques 68 pays pour développer des routes, des chemins de fer ou encore des voies maritimes. L’objectif étant de vouloir devenir la 1 ère économie mondiale dit-elle pour 2050 surpassant ainsi les Etats-Unis. Cette vision est à long terme, et s’articule à travers une stratégie bien définie visant une connectivité généralisée dans l’espace eurasiatique.

Alors que Xi Jinping a déclaré, il y a quelques jours, avoir remporté la guerre contre le Coronavirus, le reste du monde a été pris à défaut à l’arrivé du virus sur leur territoire.

En conclusion, il nous est impossible d’avoir une idée de l’évolution de la pandémie à ce stade, ce qui est sûr, c’est que la Chine a son agenda concernant sa vision du monde, et force est de constater, qu’elle est capable de transformer cette crise sanitaire dont elle est à l’origine, en opportunité politique et économique.

Par Y.S


[1]( https://www.who.int/fr/dg/speeches/detail/who-director-general-s-opening-remarks-at-the-mission-briefing-on-covid-19—12-march-2020)

[2] https://www.oecd.org/coronavirus/fr/

[3] http://french.xinhuanet.com/2020-03/31/c_138934939.htm

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